AccueilÉvènementsDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Magician
Magician
Magician
Messages : 63
Date d'inscription : 06/09/2011
Sam 14 Mai - 19:54



   Une immensité avait succédée à l’autre, plus blanche encore. Mais où Eblana était inhospitalière, celle-ci était stérile, inféconde. Quelqu’un avait décrété que rien ne vivrait plus dans ces grandes plaines englouties par le sel et le sable, et plus rien n’y vivait depuis. Pourtant je voyais au loin quelques créatures cheminer sans trêve : seigneurs misérables et libres de cet étrange royaume. La vision de leur acharnement me semblait plus inspirante que le silencieux spectacle de leur terre bréhaigne.

   A cette heure je ne voyais que des nuances de gris. Le vent ne rencontrant ici pour obstacles que quelques pics étroits, il était libre de déferler sur cette plaine apparemment sans fin. Il y sculptait des vagues dans le sel ; des vagues ou parfois un linceul dont il recouvrait pudiquement ceux qui n’avaient pas survécu à la journée. Ainsi de grandes dépouilles de chair ou d’acier ponctuaient le paysage autrement monotone, comme embaumées.

   J’aurais voulu avoir froid. Un souffle mourant traversait l’Escarre, mais il ne me parvenait pas. Les grains soulevés grêlaient pourtant, comme des poignées jetées par des mains invisibles. Mais je ne le sentais pas. Tout au plus, j’avais le sentiment diffus que je devais lutter pour avancer. Je repensais à la main dont Lloyd m’avait saisie à Castrum Messorem : s’il avait tiré moins fort, je ne l’aurais sans doute pas remarqué.

   Je regrettais mon cœur. Bien que malade, il ne m’avait privé d’aucun de mes sens. Ses battements engourdis m’avaient toujours permis de m’étourdir de goûts, d’odeurs et de caresses. Mais la Pierre me le refusait. J’ignorais si c’était une séquelle de ma plongée, une forme de châtiment ou si elle n’en avait tout simplement pas vu l’intérêt. Elle avait en effet sa propre façon de voir le monde, ses propres sens. A son tour, elle les partageait avec moi.

   Je n’avais jamais été aussi sensible aux autres. A la joie inconditionnelle de mon cousin de me savoir encore de ce monde, oui. A la sollicitude de ses compagnons aussi, malgré leur appréhension pour les lieux. Mais surtout à leur crainte. A ce moment, une fois l’émotion passée, où ils ont compris. Où toute ma rigidité leur est apparue, où aucun détail ne leur a échappé : mes paupières à jamais ouvertes, mes plaies dont le sang ne coulerait plus, mon Ether transcendé.

   Une colère sourde montait en moi. Qui pouvait se permettre de décréter de l’incomplétude de mon existence ? Comme le vieillard, pensaient-ils sincèrement que leur vie avait plus de valeur que la mienne ? La divinité s’écoulait en moi, le sang vicié avait cédé sa place à un ichor éthéré, mais ce serait moi qui serait moins vivante ? Je ne pouvais pas tolérer que la médiocrité gâche mon éternité.

   Puis, je les ai entendu à nouveau. Les étoiles. Cela faisait quelques minutes que je ne marchais plus, et que je m’étais tournée vers elles, poings serrés. Leurs chants indifférents formaient un concert chaotique et merveilleux, face auquel je me sentais soudainement bien insignifiante. Ma fureur s’évanouit sans un bruit, humiliée par la volonté des astres. Mes mains se sont desserrées en même temps que mes traits s’apaisaient.

   Je devais me concentrer sur l’essentiel, sur ce qui était certain. L’Auralithe me révélait à moi-même, et c’était à moi de résister aux suggestions dont elle se faisait le porte-parole. De bannir ce qu’il y avait de plus intense pour ne pas donner raison à ceux qui me redoutaient. Après tout, que penseraient mes anciens compagnons s’ils apprenaient qu’après avoir combattu si ardemment les Dévots de Saint-Germonique, j’étais tombée aussi bas qu’eux ?

   Ô jeunes années héroïques, que vous me sembliez loin désormais. Si loin et si proche. Cette guerre finie, et plus tard cette catastrophe écartée, peut-être que je pourrais chercher ceux qui ont survécus. Mais pour l’heure, je devais penser à Lloyd. Puisque Dalmasca n’avait pas quitté son cœur, il fallait que les choses soient réordonnées. Cela demanderait de la sueur, du sang et du temps.

   Mais le sel céderait bientôt sa place à la neige et à aux roches. Devant moi, un royaume de pierre et de bois se présentait, vertigineux. J’apercevais quelques figures, minuscules à cette distance. Des figures qui m’avaient également vue. Un léger sourire prit forme sur mes lèvres alors que mes pas se faisaient plus assurés : je serai bientôt rentrée. De gré ou de force.

Magician
Revenir en haut Aller en bas
Magician
Magician
Magician
Messages : 63
Date d'inscription : 06/09/2011
Sam 14 Mai - 20:51
Code:
<div style="text-align: -webkit-auto; background-image: url('https://i.servimg.com/u/f38/12/50/88/00/71388510.jpg'); background-size: 800px 1550px; margin: auto; border: 1px solid #0a0a0a; width: 800px;"><div style="text-align: center;font-family: calibri; font-style: italic; font-size: 21px; color: #d3d3d3;">
<div style="background-color:rgba(100, 100, 100, 0.7); margin: auto; padding: 20px 20px 20px 20px; width: 600px; border: 1px solid #0a0a0a;">
<div style="text-align: center; color: #000000">
   Une immensité avait succédée à l’autre, plus blanche encore. Mais où Eblana était inhospitalière, celle-ci était stérile, inféconde. Quelqu’un avait décrété que rien ne vivrait plus dans ces grandes plaines englouties par le sel et le sable, et plus rien n’y vivait depuis. Pourtant je voyais au loin quelques créatures cheminer sans trêve : seigneurs misérables et libres de cet étrange royaume. La vision de leur acharnement me semblait plus inspirante que le silencieux spectacle de leur terre bréhaigne.

   A cette heure je ne voyais que des nuances de gris. Le vent ne rencontrant ici pour obstacles que quelques pics étroits, il était libre de déferler sur cette plaine apparemment sans fin. Il y sculptait des vagues dans le sel ; des vagues ou parfois un linceul dont il recouvrait pudiquement ceux qui n’avaient pas survécu à la journée. Ainsi de grandes dépouilles de chair ou d’acier ponctuaient le paysage autrement monotone, comme embaumées.

   J’aurais voulu avoir froid. Un souffle mourant traversait l’Escarre, mais il ne me parvenait pas. Les grains soulevés grêlaient pourtant, comme des poignées jetées par des mains invisibles. Mais je ne le sentais pas. Tout au plus, j’avais le sentiment diffus que je devais lutter pour avancer. Je repensais à la main dont Lloyd m’avait saisie à Castrum Messorem : s’il avait tiré moins fort, je ne l’aurais sans doute pas remarqué.

   Je regrettais mon cœur. Bien que malade, il ne m’avait privé d’aucun de mes sens. Ses battements engourdis m’avaient toujours permis de m’étourdir de goûts, d’odeurs et de caresses. Mais la Pierre me le refusait. J’ignorais si c’était une séquelle de ma plongée, une forme de châtiment ou si elle n’en avait tout simplement pas vu l’intérêt. Elle avait en effet sa propre façon de voir le monde, ses propres sens. A son tour, elle les partageait avec moi.

   Je n’avais jamais été aussi sensible aux autres. A la joie inconditionnelle de mon cousin de me savoir encore de ce monde, oui. A la sollicitude de ses compagnons aussi, malgré leur appréhension pour les lieux. Mais surtout à leur crainte. A ce moment, une fois l’émotion passée, où ils ont compris. Où toute ma rigidité leur est apparue, où aucun détail ne leur a échappé : mes paupières à jamais ouvertes, mes plaies dont le sang ne coulerait plus, mon Ether transcendé.

   Une colère sourde montait en moi. Qui pouvait se permettre de décréter de l’incomplétude de mon existence ? Comme le vieillard, pensaient-ils sincèrement que leur vie avait plus de valeur que la mienne ? La divinité s’écoulait en moi, le sang vicié avait cédé sa place à un ichor éthéré, mais ce serait moi qui serait moins vivante ? Je ne pouvais pas tolérer que la médiocrité gâche mon éternité.

   Puis, je les ai entendu à nouveau. Les étoiles. Cela faisait quelques minutes que je ne marchais plus, et que je m’étais tournée vers elles, poings serrés. Leurs chants indifférents formaient un concert chaotique et merveilleux, face auquel je me sentais soudainement bien insignifiante. Ma fureur s’évanouit sans un bruit, humiliée par la volonté des astres. Mes mains se sont desserrées en même temps que mes traits s’apaisaient.

   Je devais me concentrer sur l’essentiel, sur ce qui était certain. L’Auralithe me révélait à moi-même, et c’était à moi de résister aux suggestions dont elle se faisait le porte-parole. De bannir ce qu’il y avait de plus intense pour ne pas donner raison à ceux qui me redoutaient. Après tout, que penseraient mes anciens compagnons s’ils apprenaient qu’après avoir combattu si ardemment les Dévots de Saint-Germonique, j’étais tombée aussi bas qu’eux ?

   Ô jeunes années héroïques, que vous me sembliez loin désormais. Si loin et si proche. Cette guerre finie, et plus tard cette catastrophe écartée, peut-être que je pourrais chercher ceux qui ont survécus. Mais pour l’heure, je devais penser à Lloyd. Puisque Dalmasca n’avait pas quitté son cœur, il fallait que les choses soient réordonnées. Cela demanderait de la sueur, du sang et du temps.

   Mais le sel céderait bientôt sa place à la neige et à aux roches. Devant moi, un royaume de pierre et de bois se présentait, vertigineux. J’apercevais quelques figures, minuscules à cette distance. Des figures qui m’avaient également vue. Un léger sourire prit forme sur mes lèvres alors que mes pas se faisaient plus assurés : je serai bientôt rentrée. De gré ou de force.
</div></div>
</div><div style="text-align: center;">
Magician
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en hautPage 1 sur 1
Sujets similaires
-
» Fiche Lloyd
» Code Tiffany
» Correction code Plume
» Débug code fofo
» Code Farapi Desert Noir

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Deus Regenesis :: Les Chroniques :: Le Maëlstrom Infini-
Sauter vers: